Wild Words Wildfire

Translated from the French by Kazim Ali

Wild Words Wildfire

I am the road of
vast sorrows
made from the stale wind’s torpor

Because of this buck fever
I will push the crimson night
to the doors of its suicide

and for the trance I place along my pangs
of naked anger
I will open bone-lights of the day
of great hands shaking

and I will dwell in the infinite word
bombs roaring
my chin resting on my hand

I will place my leaping heart
in the famished breath of the wind
from the dark forges

Outside,
they burned the day’s roots
flogged the horizon
their fists and their lips the color of tombstones

they flogged with dumb rage
their eyes set against men
and the good god

I have seen on the pathways of my anger
made by the passing of bombs
and by the cries in the middle of the public square
that sap that shreds from on high
my wild slumber

any passage now
ought lead not to despair
but to the heavens

I saw this good god
first swell wide to fill
the great vessel of the sea
with his dark tears

I saw my good god
travel along the same path as my gaze
robing himself in the immense
expanding sorrow

tears stream down the great blank
visage and neck

Curse those who in his name
for his sake
crush with the querulous bomb
those rich lives that bear our dreams

Curse men who pit
gods against gods
who shatter mild days
in the lull of bombs
the color of blood

Cursed be those who break the vow of
their fasts
in the heart of mosques
and churches
and the streets full of our living

screaming human bombs
who punch with hard fists

I am the road
of great sorrows
that struggles against that still air

How shall I hold death down
on the guillotine
how shall I carry death’s grave song
serious and brutal
to the ethereal heights?

How then to name
in the rising wind
the unforgivable fiery spurt
through free space
against these brothers
yes my brothers of another time
who make bombs
and tombs
and who celebrate in the reddened ruins?

I am the road
of sadnesses that expand
that strain still against the calm winds

and here
here are my days
and my ragged voice
that dies out
in the arms of a shattered mirror

and my memory confronts me
forever it seems
in my dream’s rough anger
hatched in the screaming
overhead of raging bombs …

 

Paroles sauvages éclairées au feu de brousse

je suis la route
des douleurs immenses
qui font querelle au vent immobile

c’est pourquoi, de ma fièvre mâle
je pousserai la nuit cramoisie
aux portes ouvertes de son suicide

et de ma transe
posée sur les crampes de ma colère nubile
j’ouvrirai les lumières osseuses
du jour
aux grandes mains en lambeaux

puis j’habiterai l’infinie parole
des bombes rugissantes
le menton dans la main

je poserai mon cœur sauté
dans les souffles affamés
du vent mûr sorti des forges mâles

dehors,
ils ont brûlé les racines du jour
ont flagellé l’horizon
de leurs mains fermes
et de leurs lèvres couleur de tombes

ils l’ont flagellé de la rage muette
de leurs yeux
faite contre les hommes
et le bon dieu

j’ai vu
sur les sentiers de ma colère
après leur passage fait de bombes
et de cris
au milieu de la place publique
la haute sève mutilée
de mes sommeils sauvages

mutilés le sourire et les rêves
de tout passant
allant désormais
à pas de désespoir
vers les cieux

je l’ai vu, ce bon dieu
s’arc-bouter dans un grand étonnement
puis remplir les mers gros ventre
de ses larmes rouge pourpre

je l’ai vu, mon bon dieu
sur les chemins de mes yeux
s’offrir un vêtement immense
comme une douleur étale

se donner la blancheur vivante
d’un cou lavé à grandes larmes

maudire tous ceux qui
en son nom
pour son nom
écrasent d’une bombe querelleuse
les vies fertiles qui portent nos rêves

maudire les hommes qui dressent
les dieux contre les dieux
qui rompent la douceur des jours
dans la transe des bombes
couleur de sang

maudirent ceux qui rompent la piété
de leur jeûne
au cœur des mosquées
et des églises
et dans les rues pleines de nos présences

qui la rompent dans le poing coriace
des bombes hurlantes humaines

je suis la route
des douleurs immenses
qui font querelle au vent immobile

comment tenir la mort
sous une guillotine allant son chant
grave et brutal
vers les hauteurs éthérées ?

comment nommer
dans le vent agité
l’impardonnable lame lancée
en chute libre
contre ces frères
oui mes frères d’un autre âge
qui se font bombes
et tombes
et qui font fête dans les ruisseaux
rouges?

je suis la route
des douleurs immenses
qui font querelle au vent immobile

et me voici
et voici mes jours
et ma voix canardés
qui meurent raides
dans les bras du miroir fracassé

et ma mémoire affrontera mes yeux
pour longtemps
dans la colère de mes rêves
hachurés au passage
de leurs bombes rugueuses …

 

Excerpt from Poèmes sauvages éclairés au feu de brousse, © Les classiques ivoiriens, 2019. Translated by Kazim Ali © 2016.