The Footbridge
Translated from the French by Zack Anderson
The Footbridge
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
a-a, bi-bi, ci-ci, di-di, fi-fi, mi-mi, ni-ni
mi ô maman ô ti-ti
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
Not knowing to read and write leads to ostracism, in this world of so-called modernity
I’ve seen my mother suffer the tough pangs of illiteracy
This total stranger, giving her the eye, humiliating her because she wanted just to know the number of a bus
On top of her daily toils, not knowing how to read and write for mama was a curse
But each time life would present a trial,
Mama knew to laugh at herself, it was her style
Housewife and vendor at the market, mama woke up at dawn
So that we, her kids, wouldn’t lack even a pen
She would go to bed so late when her daily beat was over
But she would take care to make sure that we had done all our homework
Of letters and numbers, mama didn’t know a thing
But she had made a bet with life that tomorrow her children wouldn’t be hooligans
So she invested her soul, mind, and body
Failing that to offer us comfort … insolently
Mama encompassed us with comfort … lovingly
And here I weigh my words to say it
Early on mama had understood that school was by far the best gift that she could give
Even if very often, we needed to wait
Fourteen hours for the only cuisine of the day
Mama would cook it with pride
While adding a healthy dose of loving spice
Of her illiterate state, mama never held any spite
Au contraire, she was so happy to see her children grow, to learn to read and write
Her whole life she wiped away humiliations, submissions, frustrations
However each school day, mama would accompany us with her benedictions
Not knowing how to read and write is maybe not the worst fate
But I understand better now the suffering that mama endured each day.
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
a-a, bi-bi, ci-ci, di-di, fi-fi, mi-mi, ni-ni
mi ô maman ô ti-ti
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
And papa, oh papa … with his meager revenue, he couldn’t guarantee us a bequest
So he’d gather us and say, mes enfants, school is for you the best investment
I still hold in my eyes his pains at the start of each school year
Drop by drop he would buy … notebooks … textbooks … T-squares
And these you can imagine came from the sidewalk vendor
Each year, we would have to wait for January … February
To get our school supplies in their entirety
But papa never gave up on us
Papa never abandoned us
Papa never gave his notice
Three even four years to replace our old khakis
So papa would assemble us again and say to us, mes petits
“To be jealous of one’s friends, to envy doesn’t serve a thing”
Because the truth is no one really knows what troubles the neighbors face
Each one … going … to the rhythm … of his own pace
And when by some misunderstanding our teachers would kick us out of class
Because a father doesn’t cry in front of his children
Because a father doesn’t cry in front of his children
Because a father doesn’t cry in front of his children
Calmly, composed, papa would breathe in
And he again as always would teach us his favorite lesson
Mes enfants, always keep your dignity through every tribulation
Keep your dignity through every tribulation
And so, from year to year, by hook or crook, my brothers, my sisters and me, we made our way
With the support of papa and mama, all along our course, we have gleaned here and there our degrees
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
a-a, bi-bi, ci-ci, di-di, fi-fi, mi-mi, ni-ni
mi ô maman ô ti-ti
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
And so, I learned from my mother
I understood from my father
That school is the only bridge for us outsiders
That offers us humanity
So as not to huddle at the bottom of the ladder
Of society
The spankings, the feet in the air, the push-ups, the four strong kids
Each time that I happened to botch, to fail a quiz
In these times, I would pray to the Holy Father, that He would come paddle the teacher
I wanted to see my father seize the teacher
I wanted to hear my mother read the riot act to the teacher
But I never dared to say it to them
From fear that I would suffer the same punishment at home
Because in those times contrary to today, the teacher had the higher station
And papa and mama would tell us each punishment was reinforcing our education
And so, mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
I had to learn, to relearn
To study, to study again
To work, to re-work on my letters and numbers
My numbers and letters
So that today you can listen to me reverently like you would a preacher
It’s true, I didn’t acquire the science of Memel Fôté
I don’t have the resistant pen of Bernard Dadié
I can’t write the sublime quatrains of Zaourou Zadi
I don’t have the creative genius of Bouabré Bruly
May I be allowed to render a stirring homage to these eminent brains
However on my humble plane
I gathered cultures, consciousness, knowledge
From accountant to marketer, slameur today as you know
And if today, having you in front of me, I extract an ounce of admiration
I owe it to my teachers for my formation
And so permit me to tell them today
The only word worth anything … papa, mama … dear teachers … merci
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
a-a, bi-bi, ci-ci, di-di, fi-fi, mi-mi, ni-ni
mi ô maman ô ti-ti
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
La Passerelle
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
a-a, bi-bi, ci-ci, di-di, fi-fi, mi-mi, ni-ni
mi ô maman ô ti-ti
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
Dans ce monde dit moderne, ne pas savoir lire et écrire conduit à l’ostracisme
J’ai vu ma mère souffrir des pires affres de l’illettrisme
Ce grand inconnu, la toisant, l’humiliant parce qu’elle voulait juste savoir le numéro d’un bus
En sus de ses labeurs au quotidien, ne pas savoir lire et écrire, était pour maman un supplice de plus
Mais à chaque que la vie lui posait un problème,
Maman avait le chic de savoir rire d’elle-même
Ménagère et vendeuse au marché, maman se levait très tôt
Pour ne pas que nous, ses enfants, nous manquions d’un seul stylo
Finies ses battues journalières, elle se couchait très tard
Mais elle prenait soin bien avant de savoir que nous avions fait tous nos devoirs
Des lettres et des chiffres, maman ne savait rien à rien
Mais elle avait pris le pari avec la vie que demain ses enfants ne seront pas des vauriens
Alors, elle a investi son âme, son esprit, son corps
A défaut de nous offrir un confort … insolent
Maman, nous embrassait d’un réconfort … aimant
Et là je pèse bien mes mots pour le dire
Très tôt maman avait compris que l’école était de loin le meilleur cadeau qu’elle pouvait nous offrir
Même si très souvent, il fallait attendre quatorze heures
Pour avoir l’unique vrai repas du jour
Maman le cuisinait avec honneur
Tout en y ajoutant une bonne dose d’épice d’amour
De son état d’illettrée, maman n’a jamais été haineuse
Bien au contraire, voir grandir ses enfants, savoir lire et écrire, elle en était bien heureuse
Toute sa vie durant, elle a essuyé humiliations, soumissions, frustrations
Cependant à chaque jour d’école, maman nous accompagnait de ses bénédictions
Ne pas savoir lire et écrire n’est peut-être pas une fatalité
Mais je comprends mieux aujourd’hui, les souffrances qu’enduraient maman chaque journée.
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
a-a,bi-bi,ci-ci, di-di,fi-fi,mi-mi, ni-ni
mi ô maman ô ti-ti
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
Et papa, oh papa … de ses maigres revenus, il ne pouvait nous garantir un héritage
Alors il nous rassemblait et il nous disait mes enfants, l’école est pour vous le meilleur des gages
Je garde encore dans mes yeux ses peines à chaque rentrée scolaire
Il achetait à contre goutte … cahiers … livres … équerres
Et ça vous imaginez bien évidemment à la librairie par-terre
Chaque année, il fallait attendre janvier… février
Pour avoir nos effets scolaires en entier
Mais jamais papa ne s’est résigné
Jamais papa ne nous a abandonné
Jamais papa n’a démissionné
Trois voire quatre ans pour renouveler nos kakis
Alors papa nous rassemblait de nouveau et nous disait, mes petits
« Rien ne sert d’envier, de jalouser ses amis »
Car à la vérité nul ne sait vraiment de quoi souffre le voisin
Chacun … allant … au rythme … de son train
Et quand par quelques incompréhensions de la classe nos enseignants nous vidaient
Parce qu’un père ne pleure pas devant ses enfants
Parce qu’un père ne pleure pas devant ses enfants
Parce qu’un père ne pleure pas devant ses enfants
Calmement, posément, papa soufflait
Et il nous enseignait encore et toujours sa leçon préférée
Mes enfants, en toute épreuve garder toujours la dignité
En toute épreuve garder toujours la dignité
Ainsi, d’année en année, cahin-caha, mes frères, mes sœurs et moi, nous avons fait du chemin
Avec le concours de papa et de maman, tout au long de notre parcours, nous avons glané par-ci, par-là quelques parchemins
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
a-a,bi-bi,ci-ci, di-di,fi-fi,mi-mi, ni-ni
mi ô maman ô ti-ti
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
Ainsi, j’ai appris par ma mère
J’ai compris par mon père
Que l’école est pour nous autres la seule passerelle
Que nous offre l’humanité
Afin de ne pas croupir au bas de l’échelle
De la société
Les fessées, les pieds en l’air, les pompes, les quatre gaillards
A chaque fois qu’il m’arrivait de bâcler, de rater un devoir
En ces temps là, je priais le Saint PERE, qu’IL vienne fesser le maitre
Je voulais voir mon père empoigner le maitre
Je voulais entendre ma mère remonter les bretelles au maitre
Mais jamais je n’ai osé le leur dire
De peur de voir la même punition à la maison me faire souffrir
Parce qu’en ces temps là contrairement à aujourd’hui, l’enseignant avait toujours raison
Et papa et maman, nous disait que chaque punition contribuait à renforcer notre éducation
Alors Mesdames, mesdemoiselles, messieurs,
J’ai dû apprendre, réapprendre
Etudier, réétudier
Travailler, retravailler mes lettres et mes chiffres
Mes chiffres et mes lettres
Afin qu’aujourd’hui vous puissiez m’écouter religieusement tel un prêtre
C’est vrai, je n’ai pas acquis les sciences de Memel Fôté
Je n’ai pas la plume résistante de Bernard Dadié
Je ne peux écrire les quatrains sublimes de Zaourou Zadi
Je n’ai pas le génie inventif de Bouabré Bruly
Qu’il me soit autorisé de rendre un vibrant hommage à ses éminents cerveaux
Cependant à mon humble niveau
J’ai acquis cultures, connaissances, savoirs
Du comptable au marketeur, aujourd’hui slameur allez-y savoir
Et si aujourd’hui, je vous ai en face, à vous soutirer un soupçon d’émotion
Je le dois à mes ascendants pour ma scolarisation
Et si aujourd’hui, j’occupe cette place, à vous soutirer une once d’admiration
Je le dois à mes enseignants pour ma formation
Alors qu’il me soit permis de leur dire aujourd’hui
Le seul mot qui vaille … Papa, maman … Chers maitres … Merci
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
a-a,bi-bi,ci-ci, di-di,fi-fi,mi-mi, ni-ni
mi ô maman ô ti-ti
Cê-cê, cô-cô, ti-ti a ça
Translated by Zack Anderson © 2016.
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