Lament of a Soldier's Wife

Translated from the French by Marci Vogel

Lament of a Soldier’s Wife

We will not go there, so far over there
On the grave of my heart buried beneath your chest, clad with iron

We will not go there, so far away over there
On the tomb of my virginity, consecrated to watering the dandelions
Violated one full-moon night by soldiers drunk with violence

We will not go there, so far away
On the bed of our wedding night wet with tears
To admire the white cloth where my blood wrote a vow of faithfulness —
By sword, by sweat, and by screams, I swore submission

We will not walk there, so far over
The promenade of evening beauties to the All Saints’ Day of the cursed —
It has been a long while since the sun-filled rice fields
Where birds sang hymnals to birth
In worship before the transformed male divinity

We will not go there, so far over there
On the cross hangs the crown driven with nails of love
Invite those hungry with eternity to the blood wedding — defenders of the country
In close ranks, in rows dispersed, they march toward the source of darkness
Without rest they beg to have a lamp lighted on the body

We will not go over there, so far together
We have learned to love in separation’s grief
We have learned to love in passion’s shattering of the flesh
We have learned to love in the soldiers’ farewell
You & I on the bed of immortality, waiting for the reaper
You & I, the sickle at boot-height to slice the sons of life
You & I, our share of grace in the despair of black days, such blood —

Out there, so far out there
For what began in the garden of heaven.

 

La complainte d’une femme de soldat

Nous n’irons pas là-bas si loin là-bas
Sur la sépulture de mon coeur inhumé sous ta poitrine ferrée

Nous n’irons pas là-bas si loin là-bas
Sur la tombe de ma virginité consacrée arroser les pissenlits
Violée une nuit de pleine lune par des soldats ivres de violence

Nous n’irons pas là-bas si loin là-bas
Sur le lit de notre nuit nuptiale mouillée de larmes
Admirer la toile blanche où mon sang a écrit le serment de fidélité
Par l’épée la sueur et les hurlements j’ai juré soumission

Nous n’irons pas là-bas si loin là-bas
Sur l’esplanade des belles d’un soir à la Toussaint des maudits
Depuis longtemps dans la rizière des épis gorges de soleil
Les oiseaux chantent l’hymne à la procreation
En adoration devant la divinité phallique métamorphosée

Nous n’irons pas là-bas si loin là-bas
Sur la croix est accrochée la couronne enfoncés les clous de l’amour
Convie ces affamés d’éternité aux noces rouges de défenseurs de la patrie
En rangs serrés en rangs dispersés ils vont à la source de l’obscurité
Sans cesse ils supplient pour avoir une lampe allumée sur le corps

Nous n’irons pas là-bas si loin là-bas
Nous avons appris à aimer dans la douleur de la séparation
Nous avons appris à aimer dans l’éclatement passionnel de la chair
Nous avons appris à aimer dans l’adieu des combatants
Toi et moi sur le lit de l’immortalité pour attendre le moissonneur
Toi et moi la faucille à la taille de la botte pour couper les fils de la vie
Toi et moi notre part de grâce dans le désespoir des jours noirs si sang

Là-bas si loin là-bas
Pour ce qui a commencé dans le jardin du ciel
 


Excerpt from
Poèmes érotiques de guerre, © Editions l’Harmattan, 2008.
Translated by Marci Vogel © 2016.